Les médecins ne disposaient même pas d'une liste exacte des patients et encore moins de notes sur
les cas. Les hommes des troupes auxiliaires russes leur avaient
volé leur matériel médical et leur pharmacie, à commencer par
les analgésiques. L'aumônier protestant de la 297e Division
d'infanterie avait reçu une balle dans la nuque, tirée par un
major soviétique alors qu'il se penchait sur un blessé.
Le fait demeure que, des 91 000 hommes faits prisonniers à la fin de la bataille de Stalingrad, près de la
moitié étaient morts au printemps.
L'Armée rouge elle-même reconnut, dans des rapports ultérieurs, que les instructions don
nées pour le traitement des prisonniers avaient été ignorées,
et qu'il était impossible de dire combien de soldats allemands
avaient été abattus lors de leur reddition ou peu après.
La misère et la détresse physique faisaient aussi jaillir le pire en certains prisonniers, qui
exploitaient de façons éhontées la situation
d'anciens camarades. Des voleurs dépouillaient à la fois les cadavres et les patients les plus faibles, leur arrachant dans
l'obscurité montres, bijoux et même alliances.
Mais la nature se vengeait en exerçant une
sorte de justice. La vermine infestant leur
butin donnait rapidement le typhus aux voleurs.
Ainsi, un interprète détrousseur de cadavres
et de malades mourut sur un sac plein
d'anneaux en or.